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This is quite useless » Les escarboucles
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Les escarboucles

par Jean Ferry.

Je ne sais pas ce que sont les escarboucles.

J’ai complètement oublié ce soir le sens du mot escarboucle, mais je le tourne et je le retourne dans ma tête comme un caillou incandescent. Les escarboucles, en tout cas, c’est quelque chose qui convient parfaitement à la femme que j’aime.

Je me souviens d’un conte de Noël où il était question d’escarboucles. C’était une histoire policière très anglaise ; il y avait des chemins de la banlieue de Londres pleins de boue sous la lueur des réverbères, et un volatile blanc qui avait avalé un diamant bleu.

A la faveur de ce souvenir à carreaux, ma mémoire essaye de me persuader que l’escarboucle est une pierre précieuse. Peut-être est-ce le scarabée d’or des boucaniers, lumineux dans l’obscurité. Exemple : Lila s’avançait dans la nuit brésilienne, ses cheveux rouges pleins d’escarboucles phosphorescentes.

Les escarboucles sont, à quelque règne qu’elles appartiennent, fières et ardentes. Il ne viendrait à personne l’idée de mettre des escarboucles dans sa main. Elle se consumerait aussitôt avec une horrible odeur de chair brûlée. Un collier d’escarboucles calcinerait la poitrine de celle qui le porterait, mais s’éteindrait, impuissant, sur les seins de Lila.

Je me trompe, sans doute. Peut-être les escarboucles sont-elles seulement des animaux du Grand Nord, un mélange de morse et de caribou, et elles n’ont rien d’autre à faire qu’à errer dans le brouillard, à la recherche du lichen humide et vert-de-gris. Il y a tellement de brouillard qu’elles ne se sont jamais vues. Et pourtant, non et non, les escarboucles, c’est comme elle, ça brûle. C’est ce policier, avec la fumée de sa pipe, qui me met le brouillard en tête, le brouillard qui empêche de distinguer la Tamise de ses quais.

Les escarboucles ne sont pas non plus de cette espèce d’insecte globuleux qui s’abaisse à discuter avec les aigles. Alors ?

Les escarboucles ne peuvent être que les ondulations écarlates de sa chevelure, ou les mots que parfois elle prononce, scabreux dans sa bouche scandaleuse.
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Extrait de Le mécanicien et autres contes, 1953.