Warning: Use of undefined constant image_setup - assumed 'image_setup' (this will throw an Error in a future version of PHP) in /home/httpd/vhosts/skafka.net/subdomains/archives/httpdocs/thisisquiteuseless/wp-content/themes/autofocus/functions.php on line 576

Warning: Use of undefined constant image_setup - assumed 'image_setup' (this will throw an Error in a future version of PHP) in /home/httpd/vhosts/skafka.net/subdomains/archives/httpdocs/thisisquiteuseless/wp-content/themes/autofocus/functions.php on line 577
This is quite useless » Sur le point de m’éveiller
© 2012 admin

Sur le point de m’éveiller

« Je m’attriste davantage de ceux qui rêvent le probable, le proche et le légitime, que de ceux qui se perdent en rêveries sur le lointain et l’étrange. Si l’on rêve avec grandeur, ou bien on est fou, on croit à ses rêves et on est heureux, ou bien on est un simple rêveur, pour qui la rêverie est la musique de l’âme, qui le berce sans rien lui dire. Mais si l’on rêve le possible, on connaît alors la possibilité réelle de la déception véritable. Je ne puis regretter profondément de n’avoir pas été un empereur romain, mais je peux regretter amèrement de n’avoir jamais seulement adressé la parole à la petite couturière qui, vers les neuf heures, tourne toujours à droite au bout de la rue. La rêve qui nous promet l’impossible, de ce fait même nous en prive déjà ; mais le rêve qui nous promet le possible intervient dans la vie elle-même et y délègue sa solution. L’un vit en toute indépendance, en excluant tout le reste ; l’autre est soumis aux contingences des événements extérieurs.
C’est pourquoi j’aime les paysages impossibles, et les vastes étendues de plateaux désertiques où je ne me trouverai jamais. Les époques historiques passées sont un pur ravissement, puisque, bien évidemment, je ne peux imaginer une seconde qu’elles vont se matérialiser pour moi. Je dors quand je rêve ce qui n’existe pas ; je suis sur le point de m’éveiller quand je rêve ce qui peut exister. »

Pessoa, Autobiographie sans événements §143
in Le livre de l’intranquillité.