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Phoenix Iron Works

Je suis dans un verger gigantesque, l’herbe n’est pas très haute, les arbres sont en fleurs, et à perte de vue, c’est-à-dire pas très loin parce qu’il y a beaucoup d’arbres, à perte de vue je vois ces arbres mêmes ruisseler sur cette  même herbe, tendre en couleur menthe et pomme ; or, bien que mon regard ne porte pas très loin, il y a tout de ce monde qui s’entre en moi par mes yeux, mes yeux tout à fait grand ouvert, avec des flammes blanches qui me sortent des épaules et qui sont un peu comme des ailes parce que je me sens assez léger, ou pour mieux dire, je me sens comme juste sur l’axe de la balance qui est supposée me faire peser mon poids ; et si j’avais l’usage de pareil vocabulaire je dirais que je suis comme en état de grâce, mais je ne l’ai pas, alors je ne dis rien de ce genre ; je dis plutôt que je suis avec une femme que j’aime profondément et désire comme un fou et qu’elle est là en face de moi, que j’ai ses yeux dans les miens et qu’elle s’entre en moi par mes yeux tandis que toute notre peau s’accouple et que c’est la fin du monde et qu’il y a des arc-en-ciel à l’envers dans le ciel, et tout le monde sait que c’est impossible donc tout le monde comprendra assez exactement ce que je veux dire.

Donc je suis avec mes yeux gigantesques et je marche dans ce verger, et soudain, sur ma gauche, très directement accollé à mon flanc, je sens une montagne qui me propose de m’appuyer contre elle, et d’ordinaire c’est vide à ma gauche, mais là il y a une montagne, alors je m’appuye, et en fait de montagne je me retrouve enveloppé dans une nappe d’eau fraîche et sombre, tout à fait translucide, et même transparente mais cela dépend de comment je regarde, je veux dire par là que je peux très bien percevoir cette eau mais qu’elle ne me limite aucunement. On s’y sent assez bien. Au surplus, elle me donne le sentiment qu’il y a un chemin, alors même qu’avec mes yeux je vois bien qu’il n’y en a pas de chemin. Donc je marche.

A un moment donné je vois un écureil noir qui nage à travers les airs, et je ne savais pas que ça pouvait voler ces bêtes-là, mais je n’y prête pas beaucoup plus d’attention. C’est aussi parce qu’il y a de moins en moins d’arbres à présent, et de plus en plus de lumière dans l’herbe, comme si j’avais les pieds dans un ruisseau de lumière aux dimensions inconnues, et je dis ruisseau parce que ce n’est pas profond et très luisant et très joyeux, et que les ruisseaux sont comme ça. Donc je marche et les arbres plus espacés abritent maintenant des ouvertures et des géométries, ils sont plus grands qu’auparavant, de plus en plus grands, et à mesure qu’ils sont plus grands ils se tournent aussi de plus en plus en minéral, et bientôt je marche parmi des arbres-tours et des gratte-ciels pleins de feuilles et il y a de la lumière liquide qui passe par les fenêtres des immeubles qui sont toutes ouvertes et la lumière coule à travers eux en entraînant des miliers de feuillets sur lesquels sont écrits d’innombrables mots en toutes sortes de langues. Les feuillets il y en a vraiment de toutes tailles, au début c’est assez surprenant, il y en a des microscopiques et d’autres qui font la taille d’un carosse et même d’une prairie, mais ça ne dérange personne parce que si vous ne lisez pas ces feuillets ils vous passent à travers, et en fait lorsqu’on les lit ils s’enroulent sur eux-mêmes et prennent des formes assez bizarres, mais il faut persévérer et être attentif, parce que c’est un jeu, et il ne faut pas avoir peur d’une feuille très grande ou très petite parce que cela aussi fait partie du jeu et qu’il n’est pas plus difficile de lire une prairie que d’écouter battre son propre coeur. Donc je me suis mis à écouter pas mal.

En écoutant ce qui se passe dans les feuilles, à un moment donné on se rend compte qu’on s’est déplacé, et de feuille en feuille on apprend si bien à écouter qu’on joue avec le bruissement des feuilles entre elles, et alors la cité s’arrête, on arrive dans une clairière clairement gigantesque, un espace qui s’ouvre de toutes parts, plat on s’en doute, avec cette lumière qui ruisselle toujours et c’est comme si je marche dans un océan d’un centimètre de profondeur dans lequel très probablement rien ne peut s’enfoncer. Je dis rien parce que j’aperçois des ruines quasiment énorme qui flotte et dérive vers la gauche, des morceaux de temple ou d’usine, mais aussi des choses plus petites, et il n’y en a pas beaucoup de ces choses qui flottent, mais je vois tellement loin et marche pendant assez longtemps pour en voir quand même pas mal au bout du compte.

Donc je marche dans cet océan vraiment pas profond, et là il y a plus de lumière, même de plus en plus, et l’océan commence à pleuvoir dans le ciel, par quoi je veux dire qu’il y a des gouttes d’eau qui se séparent de l’océan et tombent vers le haut, et bientôt il y a tellement de gouttes qui, poussées par je ne sais quoi, tombent de cette façon. que tout alentours devient très humide de lumière et j’ai plus l’impression de nager ou d’être dans une translation de ma géométrie que de marcher. Et cela devient un brouillard, parce que les gouttes deviennent si fines qu’elles semblent des intentions de gouttes d’eau plutôt que des gouttes d’eau, et je continue encore un moment à dériver dans ce brouillard en étoile, jusqu’à ce que tout semble suspendu autour de moi et moi suspendu quelque part parmi ce tout sans sol ni ciel, ou bien alors dans le ciel, fait de ciel, mais de ciel qui serait ce brouillard avec ses zones plus ou moins compactes comme lorsqu’on traverse un nuage et du coup cela ne fait pas tellement sens de l’appeler ciel parce qu’on est dedans et qu’il est partout.

Et là j’apperçois comme un X, une silhouette de X dans ces brumes, et c’est plutôt une silhouette humaine que je vois maintenant dans ces brumes, c’est quelqu’un apparemment qui a marché et nagé comme moi et qui est dans ce brouillard et nous progressons l’un vers l’autre de toute évidence, et je me demanderais bien qui cela peut être et si nous aurions quelque chose à nous dire mais en fait nous sommes déjà en train de parler, et je crois que ça va continuer un bon moment parce que c’est délicieux de parler avec cette personne, que dis-je, ça continue.