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This is quite useless » The Voice of the Devil
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The Voice of the Devil

« All Bibles or sacred codes. have been the causes of the following Errors.
1. That Man has two real existing principles Viz : a Body & a Soul.
2. That Energy. calld Evil. is alone from the Body. & that Reason. calld Good. is alone from the Soul.
3. That God will torment Man in Eternity for following his energies.
But the following Contraries to these are True
1 Man has no Body distinct from his Soul for that calld Body is a portion of Soul discernd by the five Senses, the chief inlets of Soul in this age
2. Energy is the only life and is from the Body and Reason is the bound or outward circumference of Energy.
3 Energy is Eternal Delight »

William Blake, The Marriage of Heaven and Hell, 1790.

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« Bataille admet d’abord une correspondance visuelle entre les images des camps et les images sadiennes (« les exécutions des nazis répondaient davantage aux images, aux suggestions de Sade ») mais une différence annule toute analogie puisque Auschwitz, lieu d’un déchaînement inouï d’horreurs, s’est déroulé sous la régence de la raison : or, selon Bataille, la critique faite par Sade de la peine de mort d’État repose sur une délégitimation de la raison comme fondement du meurtre.
On remarquera, en ce qui concerne les meurtres de masse qui abondent dans l’œuvre de Sade et en particulier dans Histoire de Juliette ou dans La Nouvelle Justine, où le projet exterminateur est déployé comme tel, que c’est précisément la raison froide qui en est le moteur, et cela donc au travers du concept d’apathie qui doit gouverner le libertin afin que le crime s’accomplisse hors des fragiles contingences d’une simple pulsion sexuelle ou d’un caprice éphémère. D’ailleurs, l’élimination du champ de la raison à propos de Sade pose d’autres problèmes, et un autre auditeur, reprochant à Bataille sa vision trop partielle et limitée du concept de raison, cite précisément le nom de Kant, ce Kant dont a vu toute l’importance grâce à Adorno ; ce à quoi Bataille ne peut répondre que ceci : « Là-dessus, j’aimerais mieux apprendre que répondre. » Il n’y a pas eu qu’Adorno, à cette époque, pour rationaliser Sade ; Simone de Beauvoir, dans son Faut-il brûler Sade ?, insiste, elle aussi, sur le lien Sade-Kant. Elle écrit : « Par une sévérité analogue à celle de Kant et qui a sa source dans une même tradition puritaine, Sade ne conçoit l’acte libre que dégagé de toute sensibilité : s’il obéissait à des motifs affectifs, il ferait encore de nous des esclaves de la nature et non des sujets autonomes. »
Beauvoir et Adorno sont dans le vrai : ni la raison, ni la froideur ne sont rejetées dans l’exercice sadien de la cruauté. C’est la Loi — et non la raison — qui est délégitimée dans la critique sadienne de la peine de mort, comme l’est à tout propos d’ailleurs chez Sade, exprimant par là un point de vue strictement aristocratique face à toute limite énoncée par la collectivité et opposée à un seul. Mais, au-delà de l’inexactitude de Bataille sur le statut de la raison dans l’œuvre de Sade, il y a autre chose qui montre la grande et inévitable confusion dans laquelle il se débat : les analogies d’image qu’il admet, pour commencer, entre les images d’Auschwitz et celles des scènes sadiennes. Car, en concédant cette analogie, Bataille est implicitement contraint d’avaliser l’idée d’un imaginaire sadique pouvant donc être à l’œuvre à Auschwitz, pouvant donc émigrer hors du texte sadien dans le réel historique, qui serait la synthèse du supplice. On voit ici la fragilité de l’opération — il est vrai improvisée — de Bataille, et c’est pourquoi lorsqu’il faut inscrire une séparation hermétique entre Sade et le nazisme, quelqu’un comme Michel Foucault ne prend pas tant de précautions. Il écrit : « Le nazisme n’a pas été inventé par les grands fous érotiques du XXe siècle mais par les petits-bourgeois les plus sinistres, ennuyeux, dégoûtants qu’on puisse imaginer. Himmler était vaguement agronome, et il avait épousé une infirmière. Il faut comprendre que les camps de concentration sont nés de l’imagination conjointe d’une infirmière d’hôpital et d’un éleveur de poulets. »
Mais nous ne sommes plus en 1947, nous sommes en 1975, Pasolini entre-temps a rompu le tabou et c’est donc aux images mêmes qu’il faut dénier, s’agissant des nazis, leurs dimensions sadiennes. »

Éric Marty, Pourquoi le XXe siècle a-t-il pris Sade au sérieux ?, Seuil, 2011.

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« Les mots de folie, de preuve par l’absurde, de machine infernale qui ont été employés, voire repris, à propos d’une telle œuvre montrent bien que la critique ne s’est jamais approchée d’elle sans avoir à signer tôt ou tard son désistement. C’est que, ramenée à l’échelle humaine, cette œuvre, qui est le lieu même de toutes les interférences mentales, inflige un climat tropical à la sensibilité. Léon Pierre-Quint, dans son très lucide ouvrage : le Comte de Lautréamont et Dieu, a cependant dégagé quelques uns des traits les plus impérieux de ce message qui ne peut être reçu qu’avec des gants de feu :
1) Le « mal », pour Lautréamont (comme pour Hegel) étant la forme sous laquelle se présente la force motrice du développement historique, il importe de le fortifier dans sa raison d’être, ce qu’on ne peut mieux faire qu’en le fondant sur les désirs prohibés, inhérents à l’activité sexuelle primitive tels que les manifeste en particulier le sadisme. 2) L’inspiration poétique, chez Lautréamont, se donne pour le produit de la rupture entre le bon sens et l’imagination, rupture consommée le plus souvent en faveur de cette dernière et obtenue d’une accélération volontaire, vertigineuse, du débit verbal (Lautréamont parle du « développement extrêmement rapide » de ses phrases. On sait que de la systématisation de ce moyen d’expression part le surréalisme). 3) La révolte de Maldoror ne serait pas tout à fait la Révolte si elle devait épargner indéfiniment une forme de pensée aux dépens d’une autre ; il est donc nécessaire qu’avec Poésies, elle s’abîme dans son propre jeu dialectique. »

André Breton, Introduction, in Comte de Lautréamont, Œuvres complètes, GLM, 1938.